Le défi de la fraise : produire un fruit rouge sans être dans le rouge 

Le défi de la fraise : produire un fruit rouge sans être dans le rouge

Juin 2022

Alors que la délicieuse saison des fraises du Québec débute, plusieurs d’entre nous ont entendu parler de la possible augmentation des prix. En effet, les producteurs sont également frappés de plein fouet par cette inflation des coûts qui touche l’ensemble de la population. Afin de mieux comprendre les réalités économiques de ces entreprises qui devront faire preuve d’adresse au cours de la saison 2022, penchons-nous sur la composition du coût de production de ce petit fruit.

C’est beaucoup de travail!

Lorsqu’on regarde notre panier de fraises acheté au kiosque d’un producteur, nous n’imaginons pas que plus de la moitié du montant que l’on aura à payer sert à rémunérer le travail. Un travail d’implantation, d’entretien, de récolte et de mise en marché effectué sur plusieurs mois de l’année.  C’est principalement la nature fragile du fruit qui y contribue.  La cueillette automatisée n’étant pas une option, nombre de travailleurs doivent y être impliqués.

Comme dans tout autre secteur, la pénurie de main d’œuvre affecte grandement les entreprises agricoles. Le recours à de la main d’œuvre étrangère est courante dans ce secteur, toutefois, les coûts qui y sont associés sont en croissance. 

Depuis quelques années, le salaire horaire minimum a progressé de 12,50$ de l’heure en 2019 à 14,25$ en 2022, une augmentation de 14%. Selon de récents travaux réalisés par le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA), la portion salariale représente environ 80% de l’ensemble des charges en lien avec la rémunération du travail des travailleurs étrangers. Les billets d’avion, les démarches légales, le logement et les autres charges qui composent le 20% restant sont également en forte progression. Selon des producteurs contactés : « Le marché étant de plus en plus compétitif, il faut absolument offrir des conditions intéressantes pour retenir son personnel ».

 

Les plants et leurs nutriments

Le coût associé à l’achat ou la production des plants, à leur fertilisation et à leur protection sont souvent oubliés par les consommateurs dans le processus de production d’un fruit. Ils représentent, en production de fraises, environ 15% de l’ensemble des coûts. Pour l’année en cours, les charges reliées aux fertilisants sont possiblement celles qui ont le plus progressé. Le conflit Ukraine-Russie a de grandes répercussions sur le prix des engrais azotés qui ont doublé en l’espace de quelques mois.

Énergie et équipements

Le coût de l’énergie s’est enflammé depuis quelques mois déjà nous rendant tout un chacun un peu plus grognon lorsqu’il est temps de faire le plein. Pour les entreprises en production de fraises, ce poste de charge « énergie et équipements » aura également une forte tendance vers le haut en 2022. Selon les indices de progression actuels, ces charges auront tendance à croître de 30 à 40 % comparativement à l’année 2021. Les coûts de transports, de matériel d’emballage, de réparation et autres sont généralement corrélés avec le prix de l’énergie.

En conclusion

À la lumière de ces chiffres, il va sans dire que les coûts de production seront, cette année, une préoccupation importante pour les producteurs et productrices de fraises au Québec. Bien que  nous sommes convaincus qu’ils feront des pieds et des mains afin de les optimiser au maximum… au plus grand plaisir de notre palais! À nous maintenant de les encourager et de nous bourrer la fraise!

Récemment, une étude sur la production de fraises a été réalisée par le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA). La collaboration de plusieurs productrices et producteurs a permis d’exposer des données techniques, économiques et financières sur cette production. Pour les entreprises qui souhaitent s’améliorer, il s’agit d’une référence très complète.

Cette étude indépendante a été réalisée pour l’Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec (APFFQ) avec le soutien financier de la Financière agricole du Québec (FADQ).

Vous pouvez consulter l’étude complète ici.